jeudi 7 octobre 2010

Les questions du néophyte

L'aïkido ? Je crois qu'on pratique avec des bâtons ?

La pratique des armes est une composante de l'aïkido : bâton (Jo), sabre en bois (Bokken) ou couteau en bois (tanto) sont autant d'outils pédagogiques pour travailler les bases de la discipline (distance, centre, etc). Attention ! il ne s'agit pas de disciplines complémentaires telles que le Aïdo, Jodo, etc. Les techniques d'Aïkido sont des projections, des contrôles ou des immobilisations qui sont effectuées en utilisant la force de l'autre.

Bien que toutes les techniques ne soient que les différentes formes d'un principe unique, elles sont répertoriées pour faciliter l'étude. Le "catalogue" comporte environ 300 formes qui incluent les diverses attaques ( par devant, par derrière, saisies poignets, revers, épaule, coup de point, de pied, etc...) On peut pratiquer à mains nues avec un ou plusieurs adversaires armé(s) ou non, les deux partenaires pouvant être debout, à genoux ou encore l'un debout et l'autre à genoux.

L'étude de techniques de respiration et de concentration, d'étirements et de massages fait partie de l'apprentissage de l'Aïkido

Est ce que l'aïkido est efficace ?

D'une façon générale, les techniques d'aïkido ont démontré leur efficacité. Le pratiquant durant les premiers mois a un grand souci : l'efficacité. Il veut tester une technique, sa propre force, etc.… Cette situation peut être dangereuse : Les différents mouvements mettent en jeu les articulations, le pratiquant projeté participe souvent en partie à la chute, seule issue possible pour éviter le traumatisme de l'articulation visée (ce qui peut parfois donner l'illusion de complaisance) . Ce type de situation entre un pratiquant peu expérimenté (quelques années ou moins) et un néophyte peut être source de blessure.

Si ces interrogations peuvent être légitimes au départ, il ne faut en aucun cas qu'elles " s'installent " car c'est une absurdité en aïkido où l'on ne va pas contre la force de l'autre. Ce type de comportement répété est incompatible avec la pratique de l'aïkido.

Quelle est la différence avec le judo, le karaté ou d'autres arts martiaux ?

Si l'on évoque sous les termes judo, karaté, (…), les formes compétitives qui sont de très loin les plus répandues, on peut dire qu'il n'y a strictement aucun rapport : les objectifs sont diamétralement opposés.

La compétition n'a aucun sens dans l'art martial : les techniques s'appauvrissent (beaucoup ne sont plus utilisées, parce que dangereuses en compétition), la préparation physique et musculaire devient la principale occupation du compétiteur (avec toutes les dérives actuelles).

Dans l'aïkido la compétition est exclue : Chacun peut donc se conformer à ses possibilités physiques propres, le but étant précisément de mieux les connaître.

Par contre il existe des formes de judo ou de karaté-do restés traditionnelles, là ce n'est qu'affaire de goût. Chaque art se distingue notamment par ses stratégies employées : positions de garde, distance de travail (très courte pour le judo, éloignée pour le karaté, etc.)

L'aïkido est-il un art de défense ?

Aspect technique

Dire que l'aïkido est un art de défense relève d'une connaissance très superficielle de la discipline. Attaquer, parer, contrer, c'est à dire apprendre à arriver avant l'adversaire bien que parti après lui. Ce schéma correspond à des techniques de self défense. Les premiers pas en aïkido se font de cette manière : l'adversaire nous met dans une situation difficile, nous cherchons à nous en sortir.

La seconde étape en aïkido consiste à prévoir comment l'adversaire va attaquer mais l'initiative de l'attaque, même devinée reste à l'adversaire.

L'aïkido, à haut niveau, va encore plus loin : l'adversaire n'a aucune initiative, avant qu'il ait pensé à attaquer, il est déjà contrôlé. Ce qui faisait dire à M UESHIBA " Je ne suis jamais battu, quelle que soit la vitesse d'attaque de l'ennemi. Ce n'est pas parce que ma technique est plus rapide que la sienne. Ce n'est pas une question de vitesse. Le combat est terminé avant d'avoir commencé " .

Le "DO", la voie, l'art de vivre.

Il faut garder à l'esprit que l'étude de l'aïkido ne se limite pas à l'étude de techniques martiales. L'aïkido constitue une discipline martiale originale dont la pratique tend à bâtir des hommes, des femmes et des enfants (bonjour Maryline ...) responsables, armés pour faire face aux difficultés de la vie quotidienne et capables de résoudre celles-ci positivement, sans apport de violence ou de destruction, par une subtile transformation de l'adversité.


mercredi 30 juin 2010

Aïkido, Voie difficile ...

Aïkido, Voie difficile ...

... ou logique d’un abandon progressif

Après l’enthousiasme des premiers cours, l’effet euphorique des premiers pas s’efface. La découverte des premières techniques annonce déjà une route longue, voire difficile. Il ne faut pas se cacher la face : la formation d’un budoka passe par l’apprentissage et l'expérimentation durant de nombreuses années, et ceux qui ont cru aux exploits de « Miagi Sensei », dans « Karaté Kid », propulsant un jeune néophyte au rang de champion en une saison, se mettent deux doigts dans l’œil. La route, si vous la suivez, vous mènera plus loin, plus tard. Elle est aussi semée d’embûches dont certains ne se relèveront pas. Il faudra être patient et persévérant. Vous découragez ?! Non, au contraire. Relativisons...

Les anciennes écoles (Dojo) accueillaient des élèves internes qui pratiquaient de manières intensives. En l’espace d’un peu plus d'un mois et ils arrivaient facilement à un quota d’heures que certains ne totaliseront à peine en une saison (2 x 1h30 x 33 semaines = 100 heures environ).

Si l’on se réfère à la progression KYU (grades ou niveaux avant les ceintures noires), le temps minimum pour accéder au shodan (1ère DAN) est d’environ 4 saisons, bien qu’il ne soit demandé pour cet examen que 3 timbres de licences. Il y est précisé que ces temps sont des minima réglementaires et qu’il faudra en moyenne les multiplier par 2.

Soit 3 x 2 = 6 années - donc une progression au rythme d’un grade KYU par saison.

Pratiquer de manière assidue

Les acquis se font progressivement, au rythme de chacun, selon d’âge, la motivation et la condition physique du pratiquant (phase 1).

La progression atteint un premier palier où l’on pourra constater une « certaine régression ». C’est une étape naturelle dans le processus de l’apprentissage. Elle correspond à une phase de « digestion » et on peut la comparer à l’adolescent qui subitement grandit d’une bonne quinzaine de centimètres et doit prendre de nouveaux repères dans un corps en pleine mutation. (Serait-ce là le support physique de la crise d’adolescence ?).

Bon ! Vous voilà en pleine crise, vous perdez vos repères, vous avez du mal à exécuter certaines techniques qui vous semblaient acquises (et c’était un leurre, d’ailleurs). En bref vous déprimez. En perdant le plaisir de la pratique et en voyant les « nouveaux » en pleine réussite de la phase 1, votre motivation s’envole et vous vous trouvez des tas de très bonnes et valables excuses vous convainquant que vous êtes contraint de sécher les cours ou que vous avez bien mieux à faire.

C’est lors de cette étape (phase 2) que beaucoup quittent les dojos, et souvent de manière définitive.

Vous avez franchi le cap et vous voilà remontant la pente qui, après coup, n’était pas si terrible (phase 3). Vous progressez et vous êtes engagé sur la voie Aïki. Le port de l’Hakama y symbolise votre engagement. Il faudra être assidu pour s’avancer vers le Shodan.

Voir toujours un peu plus loin

Si vous vous fixez des objectifs comme « arriver au niveau Shodan » ou encore « porter l’Hakama » sans voir un peu plus loin, vous aurez de grande chance d’arrêter d’être assidu une fois votre objectif atteint. Si vous vous fixez un objectif trop éloigné ou irréalisable vous aurez de grande chance de vous démotiver totalement. Si vous êtes trop pressé, votre impatience vous jouera des tours. Profitez du voyage, appréciez le temps présent, laissez-vous porter vers la prochaine étape. Le phénomène de régression peut se répéter comme de multiples vagues d’intensité de plus en plus faible. Mais leurs écumes laisseront s’échouer çà et là encore quelques démotivés.

Pour ceux qui reprennent après un arrêt conséquent, rien n’est simple. Avant tout parce que le niveau, dit niveau de rétention est plus faible. Le corps en l’absence d’exercices physiques réguliers s’est affaibli aussi. Il faut accepter d’être moins qu’avant, d’avoir été dépassé par certains que l’on a vu naître, crever l’illusion que l’on est encore alors que l’on n’est plus. En bref, plein de claques en perspective c’est dur, dur pour l’Ego.

Les phénomènes décrits sont vrais, et je m’excuse de toutes les ressemblances avec des personnes ayant vécues ces expériences.

Pour elles, comme pour tous, une seule issue : Pratiquer de manière régulière.

  • Etre régulier : c’est venir toutes les semaines.
  • Etre assidu : c’est laisser de côté les problèmes de tous les jours pendant la pratique

Bien sur on peut rater un cours, avoir un empêchement. Seuls les empêchements réguliers porteront atteinte à votre régularité.

Pratiquer à son rythme

Respecter sa condition physique est un premier élément si l’on veut pratiquer longtemps, mais faire en sorte que l’on accède à un rythme supérieur, c’est s’améliorer progressivement.

C’est SHIN, GI, TAI : l’Esprit, la Technique, le Corps.

Lorsqu’on est jeune Taï est fort, GI se travaille et SHIN est souvent insouciant. Vers la quarantaine un équilibre subtil s’opère, c’est peut-être la force de l’âge. En vieillissant TAI s’affaiblit, mais GI est fort et avec SHIN transcendent TAI. L’équilibre SHIN GI TAI permet de s’améliorer à tout âge.

Cependant si vous commercer tard, demander conseil à votre médecin. Un test d’effort pour permettre de vous situer. N’essayer pas de vouloir rattraper le « temps perdu », soyez patient.

Expérimenter sa pratique

L’Aïkido peut être pratiquer de manière très différente selon la sensibilité du professeur. Parfois on rencontre, lors de stages, des personnes qui pratiquent un « autre Aïki » et on peut avoir du mal à s’exprimer ensemble.

Pourtant ces stages sont l’occasion d’approcher de haut-gradés et de rencontrer des Aïkidokas en dehors du cocon douillet du club. Ces expériences sont enrichissantes. Votre professeur vous indiquera les stages les plus appropriés dans les premières étapes de votre progression. Un certain nombre de stages (organisés par la Ligue) sont d’ailleurs nécessaires pour l’inscription à l’examen de grade Dan.

La proximité des clubs permet aux plus motivés de pratiquer de manière assidue et quasi-journalière. Cette possibilité est un atout permettant une 3ème voir une 4ème séance hebdomadaire. La voir comme un « joker », (se dire : je n’y vais pas ce soir, j’irai demain) est une grave erreur qui ébranle la régularité de votre « SHIN ».

Pour ceux qui n’ont la possibilité que d’une seule séance hebdomadaire, la rigueur de la régularité est indispensable car dans le cas contraire vous tenterez de maintenir un niveau qui vous échappera malgré vous. En connaissance de causes, vous êtes seuls responsables de vos choix. Mais chacun est libre et personne ne vous en tiendra rigueur.

Ma volonté est d’entretenir votre enthousiasme, d’accroître votre motivation. Le plaisir de la pratique est à lui seul une source d’énergie intarissable que je souhaite partager avec tous et le plus longtemps possible.

Marc Senzier 4° dan Aïkido UFA-FFAAA et 2° dan Iaïdo CNK-FFJDA - école Aïki-Ryu

Les types d'enseignements

Les types d'enseignements

Il existe différents types de formation à l’Aikido qui peuvent se regrouper en deux tendances.

  • Les méthodes « religieuses ».
  • Les enseignements.

Source : NEIGE Robert 5 Dan et FRIEDERICH Hervé 5 Dan

  • Les méthodes religieuses :

Ces méthodes ne sont pas des méthodes pédagogiques, mais des méthodes de transmission. Dans cette transmission il est nécessaire de jeter les bases non d’une pédagogie mais d’une conduite religieuse. Les exercices se font alors avec la foi du croyant. Le lieu s’appelle le Dojo, endroit de recueillement retiré de la société où l’on vient se purifier dans l’isolement. Cette conduite est réglée par un cérémonial, qu’il n’est pas demandé de comprendre mais d’appliquer à la lettre. Le culte des anciens, du Maître est nécessaire à l’établissement d’une hiérarchie et d’une discipline stricte. La vie du fondateur fait image « d’icône » sur laquelle il est important de méditer.

Il ne suffit donc pas de « payer » de « s’inscrire » pour accéder à cette transmission. Le Maître juge si l’élève est digne de recevoir cette formation, qui à ce titre n’est pas un dû, mais se mérite, soit par test soit par introduction par un « tiers ».

Il n’existe donc pas de pédagogie proprement dite. Les exercices sont sous-tendus par des images représentatives avec références ancestrales. Eloigner les mauvais esprits en claquant trois fois des mains lors du salut, peut paraître ridicule lorsque cette action n’est pas vécue intérieurement. Il est nécessaire de vivre intensément, intérieurement chaque exercice ou technique. Cela signifie simplement que l’explication ne peut venir de l’autre mais doit naître en soi-même à force de pratique. La progression se fait par révélations successives qui correspondent à des stades de « purification ».

Cette méthode nous a donné nos plus grands Maîtres actuels, il n’est donc pas dans notre esprit de la remettre en question.

Elle apparaît toutefois ne pas convenir au plus grand nombre en Occident pour deux raisons :

- Les références religieuses et ésotériques intériorisant puissamment chaque exercice ne sont pas de notre culture. Le fait de se plonger dans la culture orientale, ne résout en rien cet obstacle. En fait, la pratique du Zen ou de la religion Shintô, l’apprentissage des idéogrammes japonais, ne permettent pas de répondre, pour l’occidental, aux questions fondamentales de notre pratique.

- Pour y réussir, il nous faudrait un Maître qui ait fait le « chemin », et qui ait adapté cette intériorisation à notre culture, à notre civilisation. Le pratiquant, génétiquement attiré par cette méthode, doit lui-même alors construire ses images et les vivre.

Ce type de formation existe dans notre pays, mais ce chemin, malgré les apparences reste totalement à découvrir.

  • L’enseignement :

Il doit expliquer verbalement et physiquement à tous les niveaux l’Aikido, et éclairer sa puissance, sa raison d’être, sa spiritualité : sa finalité.

Il existe dans cet enseignement deux tendances :

- Une tendance corporelle où les explications techniques sont biomécaniques, ce qui leur confère une vérité manifeste, mais où la spiritualité n’est pas de mise. (Connaissance formelle, construction des techniques etc.) Elle représente de toutes façons une hygiène de santé indéniable, mais ne laisse pas place à l’ouverture supérieure de l’Esprit qu’elle considère soit comme un travail ésotérique aléatoire ou réservé, soit comme une esquive perverse au travail physique primordial.

- Une tendance corporelle et spirituelle expliquant clairement et de façon cohérente à tous niveaux les exercices, les techniques, la respiration, la méditation, sans occulter cette dimension supérieure, universelle : spirituelle, et son application dans la vie quotidienne. Il est donc clair que suivant sa personnalité, le pratiquant devrait choisir sa méthode, étant entendu que le terme religieux est universel et point n’est besoin de se convertir à la religion Shintô. Le premier devoir d’un enseignant d’Aïkido est donc d’orienter correctement les élèves qui viennent dans son club.

Ces deux méthodes d’enseignement et de travail ne se satisfont ni l’une ni l’autre du superficiel. L’investissement intellectuel et physique important reste leur point commun.

Les moyens d'évaluation

Les moyens d'évaluation

Les moyens d’évaluation, sont des atouts pédagogiques importants. Ils nous permettent de juger de l’impact d’un cours, d’une session de cours, ou d’harmoniser les examens de passage de grade.

Sources : NEIGE Robert 5 Dan et FRIEDERICH Hervé 5 Dan

Au niveau de l’Aïkido, ces moyens d’évaluation peuvent être structurés en trois niveaux :

  • L’homme, son attitude, son attention : Le Shisei
  • Sa gestion de l’espace : Le Maai
  • Sa gestion du temps, son rythme : Le Kokyu

On retrouve ici les trois niveaux : ponctuel, horizontal, et vertical.

Il est à noter toutefois, que ces moyens se situent au-dessus de la technique, des écoles, et bien sûr des fédérations. Ils peuvent donc à eux seuls constituer une base de réflexion en vue de l’harmonisation des différentes tendances Aïkido, notamment lors de formation de jury de passages de grades Dan.

Ces moyens d’évaluation sont bien souvent confondus avec les bases mêmes de l’Aïkido, alors qu’ils ne font que les actualiser. Leur définition étendue permet d’en faire une méthode d’évaluation pédagogique radicale etvéritable. Ils sont savamment utilisés par nos Maîtres Japonais, ce qui provoque bien souvent, de la part des techniciens postulants, beaucoup d’incompréhension face au refus du grade supérieur.

Pour un expert, quelques mouvements suffisent pour jauger les capacités d’un postulant.

Réflexions pédagogiques

Réflexions pédagogiques

Par DreamCatcher, lundi 16 mai 2005

Le problème majeur, lors de l’enseignement et de la pratique, est cette constante relation conflictuelle entre Tori et Aite (Uke), qu’elle soit avouée ou non. Elle est à la fois nécessaire et initiatrice de la technique et source de déviations (Ego).

Sources : NEIGE Robert 5 Dan et FRIEDERICH Hervé 5 Dan

L’enseignement actuel de l’Aikido, ne clarifie pas cette relation, où tantôt il ne faut pas heurter, mais « réussir » sa technique ; être relaxe, sans force, mais stable et puissant ; ne laisser aucune opportunité à Aite mais être en harmonie avec lui. Il faut trancher mais aimer, ne pas blesser mais être capable de tuer.

Cette somme d’ambiguïté ne fait que potentialiser l’incompréhension et donc le « conflictuel » durant l’enseignement et la technique. A un certain niveau, ces ambiguïtés finissent par se lever, mais combien parviennent à ce niveau ? Il est nécessaire, en tant qu’enseignant, de faire preuve de clarté mais surtout d’honnêteté et en particulier ne pas dire une chose et son contraire sous le couvert divin d’un Yin et Yang providentiel ou de je ne sais quelle image orientale, refuge de cette incompréhension précitée. Il est clair que l’Aikido n’est pas qu’un art de combat. Ses techniques dans leurs formes, dans leur mise en pratique et surtout dans leur finalité s’opposent à la résolution du conflit par le conflit.

Pour palier cette difficulté permanente dans l’enseignement, il serait intéressant de porter un regard d’étude, non sur la travail de Tori, maintes fois exploré et détaillé, mais sur la fonction d’Aite.

- 1 - Cette première fonction (et non pas rôle) est de générer le conflit. C’est la condition essentielle permettant à Tori de s’exercer à l’Aikido. Il lui faut en effet recevoir une véritable attaque ou Atémi que ce soit sous forme de frappe ou de saisie. C’est à partir de ce conflit que Tori va construire et travailler ses techniques. Le but étant de résoudre cette situation de façon non conflictuelle, c’est à dire doucement au long de ses années d’étude de s’acheminer vers la finalité de sa pratique : l’harmonisation. Nous voyons immédiatement l’importance de l’attaque d’Aite qui a elle seule et suivant sa réalité rend fécond ou stérile le travail de Tori. En effet, un mouvement d’Aikido n’a aucune raison d’être, ni d’efficacité éducative, si l’attaque n’est pas sincère. Feindre l’attaque pour inhiber Tori, ou déformer son attaque et ses appuis pour contrer Tori dans une technique connue à l’avance, est un travail qui n’est pas en rapport avec l’Aikido.

Il faut à ce niveau distinguer trois types de génération de conflit : Les frappes, les coupes et les saisies.

  • Les frappes ou les coupes : sont destinées à atteindre l’axe central de Tori et de le détruire. C’est le conflit violent maximum proche du combat réel.
  • Les saisies : elles sont principalement destinées à déstabiliser le centre de Tori. Lever l’ambiguïté des saisies consiste à considérer frappes, coupes et saisies comme des Atémis générateurs du conflit nécessaire à l’étude. La saisie dans cette définition élargie ne consiste donc pas à immobiliser la main, le coude ou l’épaule de Tori, mais bien en l’envoi d’énergie pour déstabiliser le centre de Tori.

Si Frappes et coupes sont directement issues du combat (Jutsu), la saisie est particulière à l’Aikido.

Il y a donc deux façons de travailler sur les saisies :

  • Travailler à maintenir son centre statiquement face à cette tentative d’Aite de déstabilisation. (Travail Ko-taï).
  • Travailler par Irimi et Tenkan à s’harmoniser dynamiquement à cette tentative. (Travail Ju-taï).

Trois conséquences suivent cette interprétation :

  • Le travail Ko-taï n’a donc rien à voir avec un travail d’efficacité. L’objectif de cet exercice est le maintien puissant du centre dans le conflit. (Unification Esprit-Corps). Il sert d’ailleurs de test à cette union. Le pratiquant est dans ce style de travail obligé d’affiner ses axes d’entrée et d’exécution de ses techniques. Ko-taï s’apparente dans ses objectifs au travail des armes.
  • Le travail Ju-Taï ne peut s’effectuer que « centre maintenu ». Il suppose donc la capacité du pratiquant à évoluer en Ko-taï.
  • Les frappes et coupes ne peuvent entrer dans le cadre d’un travail Ko-taï. Si on peut tester une saisie, il est dérisoire de stopper un Yokomen Uchi ou encore un Tsuki. L’entraînement sur les frappes et les coupes ne peut donc être que Ju-taï ou eki-taï ou Ki-taï.

L’originalité de ces saisies doit nous interpeller. Elle consiste en une génération de conflit beaucoup plus proche de ce que l’on rencontre physiquement et psychologiquement dans notre vie quotidienne actuelle que les frappes et les coupes.

Ces saisies si déroutantes pour le pratiquant venant à la martialité, sont pourtant le lien pédagogique primordial entre la pratique de l’Aikido et la pratique de la vie quotidienne.

- 2 - La deuxième fonction d’Aite est de construire avec Tori la technique. Il ne s’agit pas là de construction complice, mais de véritables échanges martiaux. En d’autres termes, Aite ne doit jamais se trouver dans une situation désobligeante. Le but de Tori n’est pas de vaincre (détruire le centre) ni de maîtriser (prendre le centre) mais bien de fonctionner avec Aite (créer un nouveau centre).

« Fonctionner avec » cela veut dire que l’un et l’autre, en respectant les lois martiales, doivent construire ensemble un système respectueux de l’intégrité de chacun et favorisant la compréhension et la sensation mutuelle de l’harmonie : l’ultime but.

- 3 – Il en découle la troisième phase, celle de la finalisation. Suivant la forme d’exécution de la technique, Aite sera soit vaincu : (centre perdu), sera maîtrisé : (prise du centre), ou sera énergétiquement intact : (maintient de son centre). Une technique ou seul Tori maintient son centre n’est pas une technique d’Aikido, mais une technique de combat. Ceci est absolument flagrant et démontré dans les Aikitaiso : Sotai Dosa.

Aite roule chute ou descend au sol non par soumission, mais tout simplement parce que la cinétique du mouvement lui impose ce geste, seul moyen de maintenir son centre face à la situation. Il n’y a alors ni vaincu, ni vainqueur mais deux personnes qui oeuvrent ensemble pour progresser dans l’optique d’une finalité commune. La chute, la roulade, la descente au sol est un acte volontaire de Aite.

Un seul mouvement échappe à cette règle d’or : Koshi-Nage. Il ne semble donc pas être en accord avec l’exercice de l’Aikido comme nous l’avons défini. Il n’est d’ailleurs jamais pratiqué dans l’enseignement de M Tohei, enseigné chez M Tamura, et particulièrement présent dans l’enseignement de M Saito.

Que chacun trouve sa voie !

La pédagogie doit être source de progression et de clarification. Un manque de compréhension de l’Art enseigné se traduit par un enseignement flou, générateur de discorde, d’incompréhension, par une progression saccadée ou par une désaffection importante des pratiquants.

Efficacité de l'aïkido

"L'efficacité est la capacité d'arriver à ses buts. Être efficace, c'est produire les résultats escomptés et réaliser les objectifs fixés. En premier lieu, il semble que l'efficacité commence par la compréhension précise de ce que l'on cherche à faire."

En bref, chacun viendra chercher dans l'aïkido ce qu'il souhaite y trouver. On peut même peut être dire, que beaucoup y trouveront tout autre chose que ce qu'il étaient venus y chercher. Mais on ne peut pas ignorer cette éternelle interrogation des personnes souvent extérieures à la pratique de l'aïkido : "quelle est l'efficacité de l'aïkido comparé à d'autres arts martiaux ou sports de combat ?"

Etant donné que nous n'avons défini aucune cible pour l'efficacité (discipline, harmonie, confiance en soi, résolution des conflits, art de vivre, combat, ... ?), c'est le genre de débat qui pourrait être sans fin, tant chacun défendrait sa discipline et la vision qu'il s'en fait. Le plus intéressant n'est probablement pas la question en elle même mais la raison pour laquelle cette question vient à l'esprit du spectateur qui regarde l'aïkido.

L'aïkido est un apprentissage long qui nécessite de créer des situations pédagogiques. Le rôle de UKE est de permettre l'apprentissage de TORI. Outre le fait que UKE n'est pas forcément entraîné à porter les coups, les attaques se font dans un but pédagogique très souvent sans réelle sincérité. Vu de l'extérieur, cela laisse songeur, car on ne peut s'empêcher de se demander ce qu'aurait fait TORI si UKE avait frappé plus vite, plus fort et dans sa direction.

Le but ici n'est pas de lancer un débat sur le sujet, mais de présenter une personne qui a souhaité montrer un début de réponse. Il s'agit de Fabio Branno Sensei président de l'ARCA (Association for Research and Cooperation in Aikido) qui s'est adjoint en tant que UKE G.Santorelli 2ème dan de Kickboxing.

Voici donc un aperçu de la réponse de l'aïkido à des attaques réalisées à une vitesse réaliste par un expert des coups portés : vidéo (6,6 Mo)

Les grades en aïkido (KYU-DAN)

Les grades en aïkido (KYU-DAN)

Le système des grades appliqué aux BUDOs que nous connaissons (comme le JUDO et le KENDO) est d'origine relativement récente (début du XXème siècle) et d'essence et signification très différentes des systèmes de grades appliqués dans les écoles traditionnelles, fondés sur la délivrance de certificats de transmission des connaissances et d'autorisation d'enseignement (système dit «MENKYO»).

Il existe différentes pratiques pour l'attribution des grades en Aïkido de par le monde, suivant les écoles, la politique suivie par les maîtres, etc. On se contentera ici de décrire la situation applicable à la France, où la pratique de l'Aïkido est organisée par des fédérations reconnues par le Ministère de la Jeunesse et des Sports. Il est bon toutefois de rappeler que l'Aïkido est une discipline sans compétition, et que l'attribution des grades, souhaitée par son fondateur, Me Morihei UESHIBA, répondait à la nécessité d'une plus grande diffusion par ses premiers élèves qui devaient pouvoir se prévaloir de titres dans une société très hiérarchisée où la place de l'individu dépend en bonne partie de ses titres.

L'Aïkido visant à une (trans-)formation complète du pratiquant, la recherche de l'acquisition de grades sur des bases d'examens purement techniques est secondaire, et doit le rester pour le pratiquant. Les grades sanctionnent une progression d'ensemble et leur préparation fournit l'occasion d'une synthèse du travail, de la recherche accomplis, en même temps que leur passage peut être vécu symboliquement comme un facteur supplémentaire de progression vers de nouvelles directions.

Traditionnellement, la plupart des professeurs organisent au sein de leur Dojo, sur une base annuelle ou pluri-annuelle, des examens de passage de grades, comportant six degrés, de la «ceinture blanche» (Mu-Kyu) à la «ceinture marron» (1er Kyu). Les examens formels impliquent la mise en situation du pratiquant face à un ou plusieurs attaquants et explorent ses connaissances techniques aussi bien que son comportement général (attention, précision, concentration, contrôle de la posture, placement et harmonisation avec le partenaire, respiration, etc.). Au niveau de 1er Kyu, le pratiquant doit connaître l'ensemble des techniques de base les plus courantes, et avoir assimilé les quelques principes fondamentaux qui régissent les mouvements d'Aïkido. La plupart du temps, on ne distingue pas les pratiquants par des ceintures de couleur entre Mu-Kyu et 1er Kyu, à la différence de ce qui se pratique par exemple dans le Judo ou d'autres disciplines.

La délivrance de la «ceinture noire» ou SHODAN est réglementée en France par les Fédérations d'Aïkido, ce qui n'interdit pas la délivrance de grades au sein de groupes non affiliés à un système fédéral, mais dont la valeur de reconnaissance restera limitée au groupe en question. Le passage des grades DAN est organisé sur une base pluriannuelle dans l'ensemble de la France par l'Union Nationale d'Aïkido devant des jurys officiels composés de façon paritaire de représentants des deux fédérations FFAB et FFAAA, sur la base de critères communs et d'une nomenclature commune des techniques. Vous trouverez les extraits les plus pertinents de la réglementation applicable ci-après sur ce site.

Le passage de grade consiste en général en un examen pratique d'environ 30-45 minutes au cours duquel le candidat «démontre» les techniques demandées sur l'instant par le jury. Comme pour les passages de KYU au sein de son Dojo, l'ensemble des qualités du candidat fait l'objet d'une évaluation. Des intervalles de pratique de durée croissante sont exigés pour la présentation des grades DAN, ce qui fait qu'il est impossible de présenter le grade de 3ème Dan avant d'avoir obtenu celui de 2ème, par exemple.

En aucun cas la détention de grades n'implique une hiérarchie entre les pratiquants. Par contre, le pratiquant plus haut gradé est normalement investi d'une responsabilité particulière vis-à-vis des pratiquants moins gradés auxquels il doit sollicitude pour l'apprentissage. En retour de quoi, il peut faire l'objet de marques de respect particulier, bien que ceci soit également vrai entre plus et moins anciens pratiquants indépendamment du grade obtenu par les personnes.

Si personne ne doit être encouragé à pratiquer l'Aïkido dans le seul but d'obtenir des grades et des titres, en revanche il n'est également pas souhaitable de se désintéresser totalement de la question : comme il est expliqué plus haut, le passage de grade, sa préparation, sont souvent bénéfiques pour le pratiquant soucieux d'améliorer ses techniques et lui fournissent des points de repère et des comparaisons qui peuvent lui être utiles pour se situer à une étape de sa recherche, voire pour l'orienter sur d'autres aspects de sa pratique.

Les grades délivrés en France dans le cadre fédéral sont nécessaires pour l'enseignement de la discipline dans ce pays et le passage du Brevet d'Etat de Professeur Voir la rubrique «Brevet d'Etat» de ce site).

L'Aïkikaï de Tokyo délivre ses propres grades par des examens distincts devant les experts de haut niveau auxquels elle a conféré de telles délégations de pouvoirs (En France : Me N. TAMURA, Me. Ch. TISSIER, Me G. BLAIZE).

mercredi 9 juin 2010

Stage Tanger, le 05 et 06 juin 2010






Sous la direction technique de Mbark ALAOUI seinsei ( 8 Dan aikido et 5 Dan iaido) et organisé par le comité national d'aikido, le stage de Tanger a été une réussite.

lundi 15 mars 2010

Naissance et philosophie de l'aikido


Introduction

L’aïkido n’est pas véritablement un sport de combat. Disons qu’il s’agit d’un art martial, impliquant une gestuelle dynamique empêchant l’affrontement, et empreinte d’une véritable philosophie qui consiste en somme à canaliser les énergies : la sienne propre et celle de l’autre. On retrouve cette idée dans le terme aïkido :
  • ai signifiant l’harmonie ;
  • ki, l’énergie et
  • do, la voie.
Dans une adaptation libre, cela donne donc l’école de l’harmonisation de l’énergie. On vise le développement de qualités trop souvent oubliées dans les disciplines sportives traditionnelles : l’écoute de son corps, la compréhension des signaux qu’il nous envoie, l’intégration de toutes les données extérieures et intérieures qui commandent nos actions. Il s’agit véritablement d’une recherche !
Cette ambiance favorise l’établissement de relations humaines très riches. Sur le tatami (tapis d’entraînement), tout le monde se côtoie, expérimentés et débutants, sans le cortège des habituelles rivalités. Faire la démonstration de sa puissance n’aurait d’ailleurs aucun sens dans cette discipline où l’on apprend au contraire à se servir de la force des autres. Les pratiquants d’aïkido utilisent souvent l’expression « enfoncer une porte ouverte» pour décrire cette gestuelle de non-affrontement où le plus costaud se retrouve inévitablement au tapis. Dans ce rapport de forces qui privilégie systématiquement le plus adroit, les filles évoluent également sans handicap face aux garçons. Chez les enfants, cette mixité favorise l’établissement de relations plus complices à l’intérieur du club et même au dehors. Beaucoup d’adultes aussi éprouvent une forme d’apaisement dans un travail qui mêle aussi étroitement les besoins de libération du corps et de l’esprit.


Historique
Devenir une personne à la recherche d’équilibre, en harmonie avec les autres, consciente de ses véritables responsabilités prend du temps. Mais Morihei Ueshiba n’a-t-il pas mis toute une vie pour créer son oeuvre ?

Une arme au service de la paix
Le Moyen-Age japonais a vu se dérouler des batailles entre groupes de samouraïs ennemis selon les techniques du bujitsu, littéralement « technique de la guerre ». Bien sûr, on s’étripait. Mais déjà on revendiquait aussi une certaine spiritualité dans l’oeuvre meurtrière. Comme au temps de nos chevaliers, les guerriers respectaient un code de l’honneur qui devait donner naissance plus tard au bushido (la Voie du guerrier), à l’origine de la plupart des arts martiaux. Progressivement, les moines bouddhistes se réapproprièrent en effet les techniques de combat pour les intégrer au service religieux. Les arts martiaux changèrent peu à peu de statut. Ainsi, l’aïkido peut être vu comme l’aboutissement de cette transformation d’une technique militaire en une philosophie de vie. Le grand artisan de cette métamorphose s’appelle Morihei Ueshiba. Il est né le 14 décembre 1883 à Tanabe, ville féodale japonaise située au pied des montagnes de Kumano. Le lieu revêt de l’importance, car, dans la mythologie nippone, c’est à cet endroit-là que les dieux shintos descendirent sur la terre. Ueshiba est élevé dans un respect des traditions qui frise le mysticisme et est envoyé, à l’âge de sept ans, au temple bouddhiste de Shingon. Ses maîtres le décrivent comme un enfant chétif, nerveux et qui tombe régulièrement malade. Son père, un notable de la région, l’encourage alors vers la pratique de la natation et du sumo.
Mais un drame survient qui semble avoir beaucoup marqué le petit Ueshiba. Il assiste en effet, impuissant, à une agression contre son père perpétrée par des opposants politiques. Du jour au lendemain, il décide de se lancer avec fièvre dans la pratique du Budo et, après quelques mois d’un entraînement extrêmement dur, il est littéralement transformé. Certes, il ne mesure que 1,54 m, mais il a gagné de la force, de l’agilité et des réflexes qui lui donnent une nouvelle assurance. Il s’affirme aussi plus facilement qu’autrefois et, par exemple, n’hésite plus à exprimer le sentiment de révolte que lui inspirent les conditions de vie des pêcheurs de l’époque. Avec d’autres jeunes intellectuels, il participe à différents mouvements de protestation et finit par quitter son emploi à la perception de Tanabe pour se rendre à Tokyo où il ouvre une librairie étudiante. Ainsi entend-il conscientiser les masses.
Mais, entre deux ouvrages consacrés à la lutte des classes, il poursuit son enseignement martial et découvre le Ju-Jitsu et le Ken-Jutsu, une pratique au sabre. L’élève est doué ! Un an plus tard, il porte le surnom de Heitaï no Kami Sama, le « Dieu des soldats ». En 1903, il s’engage – c’est bien le moins qu’il puisse faire – dans la guerre contre les Russes et devient expert dans l’art de la baïonnette ; sa conduite courageuse devant l’ennemi lui vaut rapidement le grade de sergent dans le 61e régiment d’infanterie. Après l’armistice, il revient bardé de médailles dans sa ville natale pour ouvrir une maison des jeunes et surtout un dojo (un endroit où l’on étudie la Voie). Diplômé de Yagyu, le principal centre japonais de Ju-Jitsu, il jouit déjà d’une grande notoriété qui lui vaut d’ailleurs de rencontrer Kumagusu Minakata, un fervent défenseur de l’environnement, dont il adopte les thèses. Ensemble, ils s’opposent à un projet gouvernemental qui souhaite l’intégration des petits sanctuaires par les grands centres religieux. D’après eux, ce genre de fusion remettrait en cause les traditions villageoises. Son enseignement se teinte ainsi d’écologie, bien avant que le concept ne soit mis à la mode par les excès d’une industrialisation forcenée.
En 1915, il reprend son bâton de pèlerin et rencontre à Engaru le Maître de l’école Daito, Sokaku Takeda, grand spécialiste d’une école d’Aiki-Jutsu. À ses côtés, il travaille les techniques du Daitoryu et obtient son diplôme de Maître Ju-Jitsu. La santé défaillante de son père l’oblige alors à interrompre sa formation et à rentrer chez lui. En cours de route, il fait un détour pour Ayabe pour prier à la guérison de son père auprès d’Onisaburo Deguchi, grand révérend de la religion Omoto. Mauvaise idée, car son père meurt deux jours avant son arrivée à Tanabe, le 2 janvier 1919, laissant un message à l’attention de son fils absent. Ses dernières mots sont :
« Ne te laisse pas arrêter par quoi que ce soit.
Vis ta vie comme tu le souhaites. »
Très attristé par cette disparition, Morihei Ueshiba se réfugie dans la religion. Il retourne à Ayabe étudier la philosophie Omoto en compagnie de Maître Deguchi. Il prend alors conscience qu’en dépit de tous ses efforts pour développer sa maîtrise et sa force, son énergie spirituelle reste chancelante. L’homme marche sur ses quarante ans et, pendant les heures d’introspection, il jette les bases d’un nouvel art martial baptisé Aïki-Bujutsu, synthèse des techniques ancestrales du Ju-Jitsu des écoles Daito et Yagyu dont il a suivi la formation. Sokaku Takeda, son maître à l’école Daito, est en tout cas très impressionné par l’évolution des techniques de son ancien élève. Si l’art de Morihei Ueshiba grandit, sa spiritualité s’affirme. Le 13 février 1924, il suit Maître Onisaburo Deguchi et quelques-uns des disciples en Mongolie avec l’ambition de fonder un grand royaume de la paix. Nous sommes effectivement en pleine guerre entre les armées chinoise et japonaise, et l’initiative lui vaudra de croupir un an en prison.
À sa sortie, les hasards de la vie le mettent face à un officier de marine expert en kendo. Un combat s’engage au cours duquel on s’aperçoit qu’Ueshiba parvient à déjouer toutes les attaques. Ce n’est pas que son adversaire soit maladroit. Mais, expliquet-il, il est capable de percevoir les intentions agressives et de répondre aux coups avant même qu’ils ne soient portés. Cette démonstration fait évidemment de l’effet dans le petit monde des techniques de combat. On l’invite, on le sollicite. Mais Ueshiba se prend à douter de plus en plus ouvertement de l’intérêt d’une vie consacrée à se battre. Loin de le réjouir, cette victoire facile l’interpelle. Alors qu’il se promène dans son jardin, il s’interroge sur la vanité des hommes. Quel est le sens d’une victoire puisqu’elle repose forcément sur la défaite des autres ? Sa conclusion est sans appel :
Toute compétition est vide de sens et le seul combat qui vaille la peine est celui que l’on se livre à soi-même dans sa quête de complétude. L’ennemi n’est jamais l’autre mais se trouve en chacun de nous sous la forme de tout ce qui empêche l’épanouissement de notre être authentique. L’art martial cesse alors d’être un outil de destruction mais participe au contraire à la construction de la personnalité par la synchronisation des énergies physiques et mentales, ce qu’Ueshiba définit comme « l’être unifié ».
Progressivement, l’apprentissage de l’Aïki Bu-Jutsu (aspect technique) cède alors sa place à l’Aïki Budo (aspect plus moral, mental) qui recueille rapidement un large succès. Sa réputation grandissante pousse les nobles, les militaires de haut grade et même les grands spécialistes de judo et de kendo de la Garde impériale à se rendre dans son vieux dojo, qui, évidemment, est beaucoup trop petit pour accueillir tout ce monde. En 1931, on construit le Kobukan au sud de Tokyo, pour asseoir beaucoup plus largement cet enseignement. Bientôt âgé de soixante ans, Morihei Ueshiba dispense encore son savoir dans plusieurs autres dojos du pays, jusqu’ en1942 où l’on officialise le nom aïkido.
La guerre du Pacifique mettra pourtant un certain frein à l’expansion des arts martiaux. Ueshiba se retire alors de la vie publique. Il s’installe à Iwama en compagnie de son épouse et laisse à son fils la responsabilité du dojo de Tokyo. En 1946, les Américains victorieux interdisent purement et simplement la pratique des arts martiaux. Tous les arts martiaux. Même l’aïkido, qui s’était pourtant débarrassé depuis longtemps de toute inspiration guerrière. Les Américains mettront deux ans à admettre l’erreur et à reconnaître du même coup les spécificités pacifiques de cet enseignement. L’aïkido sera le premier art martial à connaître sa réhabilitation, suivie d’une période extraordinaire d’expansion au Japon et à l’étranger. On retrouve alors le vieux Morihei Ueshiba un peu partout à travers le monde.
En 1961, il se rend aux États-Unis pour l’inauguration de l’Aikikaï d’Hawaii.
«Jusqu’à présent, je suis resté au Japon pour édifier un pont en or qui puisse unifier tout le pays. Je construirai à Hawaii un pont d’argent et, dans les cinq années à venir, je souhaite pouvoir lancer des ponts à travers le monde entier pour réunir tous les pays.»

L’aïkido est issu des arts martiaux, mais il trouve sa véritable grandeur dans l’unification des peuples et dans l’harmonie du monde. Pendant sept ans, Maître Ueshiba participera à la mondialisation de son art. Sa dernière démonstration publique date du 12 janvier 1968. Le 26 avril 1969, O’senseï (Grand Maître) meurt en pointant un doigt vers le ciel et en disant :
« Je retourne d’où je suis venu».

Bien sûr, on peut douter de l’objectivité de ses biographes. En revanche, personne ne peut contester que l’aïkido a survécu à la disparition de son créateur.
Son fils Kisshomaru, puis son petit-fils Moriteru ont veillé jalousement à son développement dans le monde et à la diffusion du message de paix de Morihei Ueshiba.


Les disciplines

À côté de l’art traditionnel se sont développés plusieurs styles qui participent à la richesse de l’AIKIDO.

Un art en perpétuel mouvement
Les principes qui font la force de l’Aïkido sont restés. Mais à côté de l’enseignement plus traditionnel se sont développées d’autres formes d l’apprentissage enrichit la connaissance de l’aïkido.
  • Ainsi l’aïkido Yoshinkan met l’accent sur le style puissant d’avant-guerre.
  • L’aïkido Shinshin Toitsu privilégie des techniques axées sur le concept de ki.
  • L’aïkido Yoseikan mêle des éléments d’aïkido, de judo, de karaté et de kenjutsu.
  • Enfin, l’aïkido Tomiki comporte une forme de compétition. Pour certains observateurs, cet enseignement contredit la parole du maître et les principes de l’aïkido, surnommé « le Budo de l’amitié ».
Mais pour ses partisans, tout dépend de la manière dont on perçoit l’affrontement. La compétition est-elle proposée dans le but de se réaliser aux dépens de l’autre ? Ou bien pourrait-on l’envisager sous l’angle d’une auto-évaluation qui permet à chacun de prendre mieux conscience de ses forces comme de ses faiblesses ? Les pratiquants d’aïkido Tomiki pencheront pour la deuxième hypothèse, et cela reste, malgré tout, assez fidèle au système de pensée qui a permis le développement de l’aïkido. En japonais, la compétition se dit shiaï, shi signifiant « tester » et aï «ensemble». Le shiaï est donc considéré comme une bonne occasion de se tester tout en travaillant ensemble. Pour rendre plus efficace l’exécution des techniques, les amateurs d’aïkido shodokan estiment que l’apprentissage des katas (répétitions des techniques) doit être complété par un travail randori (libre). Ils estiment en effet que la compétition, où l’adversaire n’est pas tenu de réagir d’une manière prédéfinie, permet une progression plus rapide dans l’acquisition des techniques. En même temps, il faut reconnaître que l’on perd ainsi une partie de ce qui faisait la spécificité de la discipline.
La santé
Morihei Ueshiba pratiquait encore jusqu’à sa mort à quatre-vingt cinq ans ! Preuve s’il en est que l’aïkido, cela conserve !
Plus qu’un sport, un art de vivre
La plupart des techniques s’étudient avec un partenaire, chacun attaquant à tour de rôle pour permettre l’apprentissage et le perfectionnement de chaque mouvement. Il n’y a ni vainqueur, ni vaincu et se conseillent en tenant compte évidemment de leurs niveaux respectifs. Le principe consiste toujours à utiliser la force de l’autre pour le faire chuter tout en demeurant soi-même parfaitement stable. Les rôles sont attribués :
  • Uke : Désigne l’agresseur et
  • Tori : Exécute la technique. Ensuite on inverse les rôles.
La plupart des cours débutent d’ailleurs par une série d’exercices de décontraction, d’assouplissements et de respiration qui permettent une meilleure mise en condition, tant physique que mentale. Ces techniques de respiration se transposent d’ailleurs parfaitement au quotidien. En apprenant approfondir leur respiration, les enfants notamment parviennent souvent à mieux se contrôler, à maîtriser leur énergie et prennent confiance en eux.
L’aïkido favorise cet épanouissement. Petit à petit, on prend conscience que l’adversaire présumé se comporte en partenaire et cela suffit parfois à libérer les enfants craintifs.
Pour le regard extérieur, les deux protagonistes semblent complices. Mais dans la pratique, on réalise que les contraintes et les résistances mises en jeu sont bien réelles.
Tout cela implique une grande concentration. N’oublions pas qu’on manipule des armes et que la plupart des techniques de l’aïkido proviennent du bujitsu dont le but était quand même de tuer son adversaire. Dans ces conditions, mieux vaut rester attentif et respecter les directives de l’instructeur.
Certes, pour un oeil extérieur, ce principe de non-résistance donne parfois une impression de complaisance entre les protagonistes. Dans la pratique, on réalise que les contraintes et les résistances mises en jeu sont bien réelles. Tout cela implique une grande concentration.
L’aïkido passe également par le développement du ki. Selon les principes de la médecine chinoise, il s’agit d’une énergie qui parcourt notre corps. On apprend donc à la sentir puis à la déplacer au gré de sa pratique dans son ventre, à travers le corps ou même dans les armes. Du point de vue gymnique, l’aïkido favorise le développement de l’équilibre et la souplesse des hanches, du dos et des épaules. L’attention que l’on accorde aux attitudes donne également l’impression d’une colonne vertébrale qui se redresse, et le fait de répéter les mouvements aussi souvent du côté gauche que du côté droit respecte parfaitement les équilibres du corps.
Enfin, on apprécie la variété des séances. On apprend à son rythme, sans jamais se sentir contraint par l’environnement, ce qui réduit du même coup, et de manière drastique, les risques de blessures. Bref, la pratique régulière de l’aïkido développera tout en douceur la souplesse des articulations et la tonicité des muscles. On peut le pratiquer à tout âge !

Le matériel
Plus qu’une catégorie à part, les techniques sont parallèles à l’enseignement de l’aïkido.
Les armes
Le maniement du tanto (poignard en bois) ou du bokken (sabre en bois) s’inscrit ainsi dans la continuité d’un enseignement des techniques à mains nues. Néanmoins ces armes modifient les notions de distance et de vitesse relative (Ma-Aï), de tempo (Hyoshi), de lignes et de trajectoires d’attaque (Hassuji) ainsi que les déplacements de corps (Taï-sabaki). Tout cela rend la « mise en harmonie» plus difficile. L’engagement véritable dans l’attaque ainsi que la résolution dans la défense augmentent le danger relatif de la pratique et exigent par là même un degré de concentration, d’attention, et de respect de l’autre, encore plus conséquent. Physiquement, la pratique des armes renforce aussi les muscles du bras, du torse et des épaules.
Voyons à présent les différentes techniques :
  • Les dori désignent une défense à mains nues sur des attaques armées.
  • Les katas consistent à pratiquer seul ou avec un partenaire un ensemble de mouvements codifiés et stylisés.
  • Les suburi sont des exercices individuels à caractère répétitif.
  • Les kumi permettent à chacun des partenaires, muni d’une arme, de répéter des simulations de combats.
Dans l’histoire du Japon, le sabre (ken) était considéré comme l’arme royale du guerrier. Les samouraïs étaient passés maîtres dans la pratique du ken. Au fil des siècles, les techniques de sabre se sont adaptées aux évolutions des forges et des disciplines de combats enseignées par les grands maîtres. En aïkido, le sabre traditionnel est remplacé par un sabre en bois, le bokken. Le bokken mesure 102 cm et pèse 700 g. On parle d’aïkiken quand on évoque l’ensemble des techniques du bokken.
Le jo est l’art du bâton. Il mesure 128 cm. Son diamètre importe peu pourvu qu’il tienne bien en mains. Les techniques de jo utilisées en aïkido sont regroupées sous le nom d’aïki-jo et certaines d’entre elles sont inspirées du yari (la lance) et du juken jutsu (la baïonnette).
Le tanto est une sorte de dague ou de poignard sans garde et ne possédant aucun tranchant. Là encore le métal a été remplacé par le bois. On apprendra ainsi à désarmer un agresseur muni d’un couteau.

La tenue
On a coutume d’appeler la tenue traditionnelle des arts martiaux un kimono. C’est une erreur. De fait, on confond souvent le kimono, qui est une sorte de longue robe portée aussi bien par les femmes que les hommes comme vêtement d’intérieur ou même de cérémonie, et le keïkogi, keïko signifiant entraînement et gi vêtement. Tout en gardant la même racine, chaque discipline a ajouté une caractéristique sémantique à sa tenue vestimentaire. Ainsi le vêtement spécifique du karaté se nomme karategi, celui du judo judogi et, en toute logique, celui de l’aïkido, aïkidogi. Si chaque discipline lui a donné un nom particulier, le keïkogi reste fort semblable. Composée essentiellement de coton tissé en forme de grains de riz, la veste est à la fois souple, pour permettre les prises, et très solide, pour éviter qu’elle ne se déchire dans les prises parfois violentes. Le pantalon est souvent renforcé aux genoux, un endroit fort sollicité par les saluts et le travail effectué au sol. La ceinture, nommée également obi, mesure environ 2,40 m. Comme en judo européen, certaines écoles attribu des couleurs de ceinture, correspondant à un niveau d’aptitudes. Pour d’autres il n’y a que deux couleurs. Une blanche pour les grades kyu et une noire pour les grades dan.
Enfin, entre sa sortie du vestiaire et sa montée sur le tatami, le pratiquant chausse une paire de zori, des sandales traditionnelles japonaises, pour éviter de ramener de la poussière sur le tatami. (De simples mules suffisent.)
À la naissance de l’aïkido, les pratiquants devaient aussi porter le hakama, le pantalon ample que portaient initialement les samouraïs à cheval et qu’ils conservaient, même au sol, car cela leur permettait de se distinguer des autres soldats. Par la suite, le hakama est devenu à la fois un costume cérémonial et l’habit des pratiquants d’aïkido. Chaque élève était obligé d’en porter un. Et ceux qui n’avaient pas les moyens d’en acheter un neuf devaient en récupérer un usé ou même le fabriquer en retirant la couverture d’un matelas, en la teignant et en la cousant. Cela donnait parfois des situations rocambolesques. Comme les pratiquants utilisaient des teintures de mauvaise qualité, l’imprimé original du tissu finissait toujours par réapparaître, donnant ainsi au dojo les couleurs irisées de l’arc-en-ciel.
Aujourd’hui, le hakama est plus austère et réservé aux pratiquants suffisamment expérimentés. Tombant sur les chevilles, sa coupe ample et pratique embellit non seulement la fluidité et la rondeur des mouvements mais il permet surtout de masquer complètement les déplacements.
Au niveau des lombaires, un koshi-ita, un petit dossier rigide, assure le maintien du dos et un bon placement des hanches. Ce costume, symbole d’une hérédité martiale ancestrale, comporte de nombreux plis ayant chacun une signification religieuse. Les deux plis arrière représentent le concept de wa (harmonie). Le verset d’un mythe japonais raconte que les dieux de la guerre aidèrent un jour le dieu du soleil, le plus important des dieux japonais, à gérer une nation sans jamais recourir à l’usage des armes, rien qu’en utilisant leur dignité. C’est ainsi que les deux plis représentent chacun un dieu de la guerre, Take-Mizazuchi-no- Kami et Futsu-Nushi-no-Kami et que le koshi-ita rassemblant les deux plis représente le dieu du soleil, Amaterasu-Omikami. Les cinq plis à l’avant représentent, pour leur part, autant de principes que l’homme doit en posséder :
  • Jin (bienveillance, générosité) : on retrouve ici le principe du Bushi No Nasake des samouraïs qui pouvaient à la fois trancher de leur sabre tout problème qui leur était soumis, et pacifier les esprits sans ôter la vie. Le respect et le souci de ne jamais causer de trouble à autrui conduit naturellement à une concorde sociale mutuelle.
  • Gi (honneur, justice) : c’est jurer fidélité à ses engagements, à sa parole et à l’idéal que l’on s’est choisi. Le sens de l’honneur passe par le respect de soi-même, d’autrui et des règles que l’on s’est fixées.
  • Rei (courtoisie, étiquette) : la politesse n’est que l’extériorisation d’un intérêt sincère et authentique porté à autrui, à travers des attitudes pleines de respect et de sollicitude.
  • Chi (sagesse, intelligence) : la sagesse est de toujours parvenir, quelles que soient les conditions, à séparer le positif du négatif, à n’accorder aux événements que l’importance qu’ils ont, sans se départir de cette sincérité si durement acquise sur le tatami.
  • Shin (sincérité) : sans sincérité, toute pratique martiale n’est que simulation et mensonge, tant pour autrui que pour soi-même. La sincérité, caractérisée par un engagement total, permanent et sans retenue est primordiale. L’illusion ne peut perdurer longtemps devant les exigences et le réalisme de la Voie.

Les règles
On ne parle pas de règlement en aïkido. On parle d’étiquette, c’est-à-dire un ensemble de consignes qui régissent les comportements et les relations des pratiquants. Si chaque dojo a sa propre étiquette, l’esprit, lui, reste globalement le même.
Ce que tu fais, fais le de ton mieux
L’étiquette
L’aïkido qui consiste à s’initier à l’art de parer les attaques, armées ou à mains nues, pourrait être utilisé à des fins moins pacifiques. Aussi insiste-t-on beaucoup sur l’étiquette et le contrôle de soi pour éviter que les combats ne dégénèrent en batailles de rue. Le salut par exemple revêt une grande importance. On se salue au début de chaque exercice et on salue aussi le père fondateur à chaque fois que l’on monte ou que l’on descend du tatami. On porte également le plus grand respect à son équipement. Le gi (la tenue) et les armes doivent toujours être propres et en bon état. Toute arme non utilisée doit être rangée dans son étui. On enseigne également que le gi ou les armes sont des objets personnels qui ne se prêtent pas.
La relaxation fait partie intégrante de la séance. Tous les pratiquants assis en ligne profitent de cet instant pour faire le vide, se débarrasser des problèmes de la journée et se préparer à l’étude. Pas question de s’adosser à un mur ou à un poteau, ni même d’étendre ses jambes. La seule façon correcte de s’asseoir sur le tapis, à moins d’être blessé, est la position en seïza. Comme pour les suwari-waza (techniques à genoux), on s’assied sur les genoux, les orteils allongés de façon à être capable de pousser sur le tatami et effectuer un déplacement rapide.
La position seïza est également adoptée lorsque le professeur expose une technique. Le cours débute et se termine par une cérémonie formelle. Habituellement, on dit « Onegaï shimasu » «Je vous fais une requête, s’il vous plaît» lors du salut du début du cours et « Arigatoo gozaïmashita» (Merci) à la fin de cours. Si l’élève arrive en retard, il doit attendre à côté du tatami que l’enseignant lui fasse signe de se joindre au cours.
Le Maître doit être respecté et écouté. Si, pour une raison ou une autre, un élève doit poser une question au professeur, il va vers lui, le salue et attend qu’il soit disponible.
Quand il corrige un autre pratiquant, les élèves peuvent s’arrêter de travailler pour regarder attentivement
Le respect du partenaire, surtout les plus gradés que soi, est très important. Si l’un des deux pratiquants connaît le mouvement, il peut guider son partenaire, mais à moins d’avoir le niveau yudansha (ceinture noire), il ne doit pas essayer de le corriger. D’une manière générale, il ne faut jamais essayer d’imposer ses idées. Le but n’est pas de parler mais de laisser son corps s’exprimer et travailler. Le tatami (tapis) est réservé aux pratiquants. Personne ne s’y prélasse, que ce soit avant ou après le cours. En cas de nombre impair, personne ne doit rester debout sans travailler. Celui qui n’a pas de partenaire se joint à un groupe ou attend son tour, assis en seïza. Le dojo faisant partie intégrante de la pratique, il jouit du même respect.
Interdiction bien sûr de manger, boire, ou mastiquer du chewing-gum. Bref, sans se sentir restreint dans ses habitudes, il faut faire son possible pour respecter l’harmonie du dojo et donner ainsi le maximum de plénitude à la pratique de l’aïkido.

Les grades
Vu l’absence de compétitions et de classement, les grades sont un moyen idéal de mesurer sa progression. À l’aïkido, ils sont de deux ordres : les kyu pour les ceintures blanches et les dan à partir de la ceinture noire. Le débutant qui monte pour la première fois sur le tatami est d’office sixième kyu. Selon un laps de temps qui varie de deux mois à un an suivant les progrès enregistrés ou les habitudes du club, l’élève passera son cinquième kyu, et ainsi de suite jusqu’au premier kyu, l’équivalent de la ceinture marron dans les disciplines martiales utilisant les couleurs. Une fois arrivé à ce stade, l’élève pourra entamer sa deuxième phase de progression : le passage des dan. En japonais, le premier dan se dit shodan, l’idéogramme sho signifiant débutant. Et de fait, on débute réellement l’aïkido à partir de la ceinture noire. On considère même que l’on commence à maîtriser correctement les techniques courantes à partir du troisième dan. En récompensant tout autant les progrès techniques que l’évolution intérieure liée à la pratique, le passage de kyu reflète parfaitement la philosophie de l’aikido.
Le maître pourra attribuer un même grade à un élève doué techniquement ou à un autre dont le comportement vis-à-vis des autres ou du dojo se sera avéré irréprochable. Il sera temps, plus tard, de juger des qualités techniques seules lors des passages de dan qui s’effectuent, quant à eux, devant un jury externe.

Les techniques

«L’aïkido ne s’explique pas, disent certains maîtres, il se pratique et se vit.»

La technique du coeur
Nous l’avons vu précédemment, l’aïkido se pratique soit avec armes, soit à mains nues. Au départ de l’affrontement les deux partenaires peuvent être debout (Tachi waza). Ou alors, Uke l’attaquant est debout et Tori se trouve en position seïza (Hanmi handachi waza). Ou encore, Uke et Tori sont tous les deux en position seïza (Suwariwaza).
Multipliez ces possibilités avec la combinaison des attaques répertoriées, des projections et des immobilisations possibles, et vous aurez une petite idée de la complexité du millier de techniques différentes. Un livre entier ne suffirait pas à les décrire. D’ailleurs le pratiquant lui-même n’apprend jamais autant de mouvements de manière stéréotypée. Il doit au contraire développer ses facultés d’adaptation qui sont l’essence même de l’aïkido.
Morihei Ueshiba, son fondateur, n’a-t-il pas dit un jour :
« Si votre coeur est juste, vos techniques aussi seront correctes ».

De fait, il n’aimait pas que son art reste figé et préférait le voir évoluer au gré de l’imagination de ses élèves pour peu que cela reste fidèle aux principes de base.
Dans la philosophie japonaise, le centre physique de votre corps est le ventre. C’est là également que naît l’énergie vitale, le ki. On doit apprendre à recourir à cette puissance pour projeter l’assaillant au sol. En revanche, il faut éviter de fixer son adversaire dans les yeux sous peine d’être hypnotisé. Ne fixez pas non plus son sabre, il pourrait vous intimider. D’ailleurs, il ne faut pas fixer l’adversaire qui pourrait absorber toute votre énergie. Il faudra au contraire l’entraîner dans votre propre sphère à partir de laquelle vous pourrez l’amener où bon vous semble, en toute sécurité.
Les techniques doivent reposer sur les quatre qualités reflétant la nature de notre monde. En fonction des circonstances, vous devrez être aussi dur que le diamant, aussi flexible que le jonc, aussi fluide que l’eau et aussi vide que l’espace. Le corps s’apparente ainsi à un triangle qui symbolise à la fois l’énergie et la stabilité. Les mouvements s’inscrivent dans un cercle qui symbolise la sérénité. L’essence de toute technique d’aïkido réside dans l’emploi du corps tout entier en vue de créer une sphère dynamique autour d’un centre stable et énergique. Concrètement, cela signifie deux choses. La première, c’est que les mouvements doivent être amples et souples. La seconde, c’est que l’on doit toujours se tenir solide et en équilibre.

samedi 6 février 2010

Fête des remise des grades par Maître Mbark Alaoui au club ACAM.

Ce jour là était exceptionnel à ACAM. Les remises des diplômes et des ceintures de grades supérieurs sont distribués par un invité d'honneur exceptionnel. Maître Mbark ALAOUI, notre fierté nationale, et une icône international en Aikido qui s'est adonné très jeune (12 ans, à peine) à ce sport.
A la suite des examens effectués le 19 janvier 2010, il nous a gratifié de sa présence avec sa générosité habituelle qu'il transmet à ses élèves comme faisant partie du code d'honneur des aikidokas.
Par la suite, il a bien voulu à la demande de maître Sidi Mohammed Islah, ouvrir le cours avant de souhaiter bonne continuation à tout le monde.

Sur la photo pricipale de gauche à droite : maître Islah, Maître Alaoui, l'élève El Hachimi, maître Abdelfattah et Kaoutar prononçant son mot au nom des adhérents de ACAM.


mercredi 20 janvier 2010

Passage de grade du 19 janvier 2010

Ce dernier mardi, je me sentais heureux et fier d'appartenir au club ACAM. Ce jour là, lors des examens de passage de grade, mes camarades m'ont vraiment ravi, par leur travail. C'étaient tout simplement des aikidokas. Les prestations diffèrent quand on passe d'un grade à l'autre mais même les ceintures blanches ont montré la relève est assurée. Sur les 20 candidats, 18 sont passés au grades supérieurs aux leurs. Je tiens à les féliciter tous et je souhaite aux 2 candidats qu'ils vont se rattraper la semaine prochaine.