Il existe différentes pratiques pour l'attribution des grades en Aïkido de par le monde, suivant les écoles, la politique suivie par les maîtres, etc. On se contentera ici de décrire la situation applicable à la France, où la pratique de l'Aïkido est organisée par des fédérations reconnues par le Ministère de la Jeunesse et des Sports. Il est bon toutefois de rappeler que l'Aïkido est une discipline sans compétition, et que l'attribution des grades, souhaitée par son fondateur, Me Morihei UESHIBA, répondait à la nécessité d'une plus grande diffusion par ses premiers élèves qui devaient pouvoir se prévaloir de titres dans une société très hiérarchisée où la place de l'individu dépend en bonne partie de ses titres.

L'Aïkido visant à une (trans-)formation complète du pratiquant, la recherche de l'acquisition de grades sur des bases d'examens purement techniques est secondaire, et doit le rester pour le pratiquant. Les grades sanctionnent une progression d'ensemble et leur préparation fournit l'occasion d'une synthèse du travail, de la recherche accomplis, en même temps que leur passage peut être vécu symboliquement comme un facteur supplémentaire de progression vers de nouvelles directions.

Traditionnellement, la plupart des professeurs organisent au sein de leur Dojo, sur une base annuelle ou pluri-annuelle, des examens de passage de grades, comportant six degrés, de la «ceinture blanche» (Mu-Kyu) à la «ceinture marron» (1er Kyu). Les examens formels impliquent la mise en situation du pratiquant face à un ou plusieurs attaquants et explorent ses connaissances techniques aussi bien que son comportement général (attention, précision, concentration, contrôle de la posture, placement et harmonisation avec le partenaire, respiration, etc.). Au niveau de 1er Kyu, le pratiquant doit connaître l'ensemble des techniques de base les plus courantes, et avoir assimilé les quelques principes fondamentaux qui régissent les mouvements d'Aïkido. La plupart du temps, on ne distingue pas les pratiquants par des ceintures de couleur entre Mu-Kyu et 1er Kyu, à la différence de ce qui se pratique par exemple dans le Judo ou d'autres disciplines.

La délivrance de la «ceinture noire» ou SHODAN est réglementée en France par les Fédérations d'Aïkido, ce qui n'interdit pas la délivrance de grades au sein de groupes non affiliés à un système fédéral, mais dont la valeur de reconnaissance restera limitée au groupe en question. Le passage des grades DAN est organisé sur une base pluriannuelle dans l'ensemble de la France par l'Union Nationale d'Aïkido devant des jurys officiels composés de façon paritaire de représentants des deux fédérations FFAB et FFAAA, sur la base de critères communs et d'une nomenclature commune des techniques. Vous trouverez les extraits les plus pertinents de la réglementation applicable ci-après sur ce site.

Le passage de grade consiste en général en un examen pratique d'environ 30-45 minutes au cours duquel le candidat «démontre» les techniques demandées sur l'instant par le jury. Comme pour les passages de KYU au sein de son Dojo, l'ensemble des qualités du candidat fait l'objet d'une évaluation. Des intervalles de pratique de durée croissante sont exigés pour la présentation des grades DAN, ce qui fait qu'il est impossible de présenter le grade de 3ème Dan avant d'avoir obtenu celui de 2ème, par exemple.

En aucun cas la détention de grades n'implique une hiérarchie entre les pratiquants. Par contre, le pratiquant plus haut gradé est normalement investi d'une responsabilité particulière vis-à-vis des pratiquants moins gradés auxquels il doit sollicitude pour l'apprentissage. En retour de quoi, il peut faire l'objet de marques de respect particulier, bien que ceci soit également vrai entre plus et moins anciens pratiquants indépendamment du grade obtenu par les personnes.

Si personne ne doit être encouragé à pratiquer l'Aïkido dans le seul but d'obtenir des grades et des titres, en revanche il n'est également pas souhaitable de se désintéresser totalement de la question : comme il est expliqué plus haut, le passage de grade, sa préparation, sont souvent bénéfiques pour le pratiquant soucieux d'améliorer ses techniques et lui fournissent des points de repère et des comparaisons qui peuvent lui être utiles pour se situer à une étape de sa recherche, voire pour l'orienter sur d'autres aspects de sa pratique.

Les grades délivrés en France dans le cadre fédéral sont nécessaires pour l'enseignement de la discipline dans ce pays et le passage du Brevet d'Etat de Professeur Voir la rubrique «Brevet d'Etat» de ce site).

L'Aïkikaï de Tokyo délivre ses propres grades par des examens distincts devant les experts de haut niveau auxquels elle a conféré de telles délégations de pouvoirs (En France : Me N. TAMURA, Me. Ch. TISSIER, Me G. BLAIZE).